Avec Howard Hugues, aviateur, producteur, businessman milliardaire, la norme et les conventions disparaissent. Il connu et tenta de dominer Hollywood. Dépassa rapidement le commun des mortels notamment avec des records d’endurance aéronautique. Principal actionnaire de la TWA, il se lance après guerre dans l’espionnage et côtoya la CIA. Cela ne le contentant pas, il investit dans des chaînes de télévision, les casinos et l’immobilier. Avec un égal succès.
Une accumulation, ultra positive, en somme.
Pour finir drogué, hirsute et pesant une quarantaine de kilos à sa mort. Bien que toujours très fortuné. En activant les fonctions replay et pause cherchons la grande origine. Nous ne le trouverons pas. Des indices, probablement. Nombreux. Mère possessive, phobique, tendance incestueuse. Un père disparu trop vite, trop tôt. La déflagration physique d’un accident d’avion lors d’essais. Traumatismes crâniens multiples. Systèmes osseux et nerveux définitivement impactés.
L’ivresse de l’existence également. Toutes ces femmes. Cyd, Ava, Katharine…les autres. Toutes les autres. Le machisme aidant ou desservant. Mais encore : la Mafia, les arcanes obscurs des réseaux. Nixon. Les hautes cimes du pouvoir.
Vous venez de réserver pour les vacances ? Annulation de dernière minute par le tour-operator. Vous craquez nerveusement. Pleurs. Que vont dire les enfants et belle-maman ? En plus, ils acceptaient le chien à l’hôtel. Tranquillisants. 50 SMS.
Imaginons quelques instants le quotidien et l’œuvre d’Howard Hugues. Ce qu’il doit encaisser. À l’heure, au centième de seconde. Lors de son tour du monde 1938 en Lockheed L-14, il survole l’Allemagne malgré l’interdiction d’Hitler…So what ? Vous vibrez comment, vous, lorsque pris au radar à 131 km/h sur autoroute ?
« Papa est brillant, il réussi dans les affaires. C’est drôle comme maman s’intéresse à moi. Au fond…si j’y arrive avec elle, je deviendrai plus fort que lui. Mais enfin, je ne peux pas. Je vais donc conquérir le monde comme acte de substitution. »
Bon début d’analyse. Sauf que tous les fils de mère incestueuse refoulée ne finissent pas alités et hirsutes en regardant la télévision huit heures par jour dans des brumes morphiniques. Ce, avec 2,7 milliards de dollars d’actifs.
Vint la paranoïa, progressive. Insistante. Permanente. Suivie d’un triumvirat incapacitant : dépression>terreur des microbes>phobies multiples.
Il fonde malgré tout l’institut médical Howard Hugues et le dote de moyens considérables. Dans l’optique de mieux maitriser le tableau de bord et les instruments de l’aéronef Hugues pour ne pas tomber pitoyablement en mère ?
Le producteur de Scarface et du Banni s’installe graduellement dans sa réclusion volontaire. S’enferme dans des demeures luxueuses et hermétiques.
S’opère une déconnexion inéluctable du réel. Une volonté de mise en retrait apaisante par rapport aux autres. Ponctuées de quelques rares et dernières apparitions publiques. Aux antipodes de la splendeur des studios hollywoodiens d’antan. Et de la rationalité de sa formation en mathématiques et génie aéronautique.
Puis...
Vivre presque nu au domicile, comme au paradis artificiel.
Seul, enfin.
Cheveux et barbe en friches.
Ongles démesurément longs.
Malnutrition.
Papillons stellaires virevoltant dans le gyroscope.
Mort en latence diaphane.
Inéluctable.
Certaine.
Rejoindre Diogène dans l’Histoire ? Assurément ! En développant des variables exclusives. Issues d’une autre époque. De référentiels distincts.
Catégoriser la folie d’Howard Hugues sous l’appellation de syndrome de Diogène procède d’une réflexion limitante. Des sédiments psychologiques demeurent à expliquer. Et pour longtemps. Les 85 milliards de neurones logés dans le cerveau humain nous rappellent sa complexité. Vaste architecture de réseaux. Indéfinissable avec des explications péremptoires. L’inexpliqué rend humble, donc pragmatique.